mercredi 27 février 2013

Le chant des orques - Antje Badendererde (Bayard, 2010)

Résumé : Depuis de la mort de sa mère, Sofie vit seule à Berlin avec son père, un photographe reconnu, mais qui n'a jamais été très présent. Lorsqu'il lui propose de l'accompagner un mois pour son travail aux Etats-Unis, Sofie hésite, puis accepte, consciente que c'est l'occasion de se rapprocher de lui. Ils s'installent donc à Neah Bay, dans un motel tenu par une Indienne et son fils, Yavid, un garçon beau comme un astre. Dès leur première rencontre, c'est le coup de foudre. Tandis que le père de Sofie part en reportage, la jeune fille passe son temps avec Yavid. Celui-ci lui raconte les histoires de son clan, l'emmène en zodiac voir des orques et travailler sur le canoë qu'il prépare pour les Makah, la grande fête traditionnelle annuelle. Jour après jour, grâce à Yavid, Sofie retrouve confiance en elle et le goût de vivre. Cependant, elle se dispute souvent avec son père, qui supporte mal de la voir grandir, et la fête Makah approchant, elle redoute l'inévitable retour à Berlin...

Avis : Un joli livre par un auteur que j'apprécie (je vous conseille vivement de lire un autre de ses livres : "Lune Indienne"). On découvre, dans "Le Chant des orques", la vie Makah, leur tradition et leur philosophie. Toute la beauté de ce livre est liée à leur vision paisible de la vie (voir citation ci-dessous). J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce livre. Peut être parce qu'il est écrit au passé et que j'aurai préféré une écriture au présent, pour rendre le livre plus présent... Peut être parce que l'on suit les pensées de Sofie, à la fois triste et simpliste, surtout au début. J'avais envie, souvent, de la secouer pour qu'elle regarde réellement la vie, l'affronte et étoffe son discours d'autres nuances. Heureusement, Yavid l'aide dans cette démarche et la fin du livre est, au final, beau et rempli d'espoir.

Extraits :
"Ce sont toujours les différences qui sautent aux yeux, les ressemblances n'apparaissent que plus tard."

" Les limites de ton imagination sont les limites de ton monde, a dit quelqu'un."

samedi 23 février 2013

Syngué sabour : pierre de patience - Atiq Rahimi (2013)

synopsis : Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte. La femme doit fuir avec ses deux enfants, abandonner son mari et se réfugier à l'autre bout de la ville, dans une maison close tenue par sa tante. De retour auprès de son époux, elle est forcée à l'amour par un jeune combattant. Contre toute attente, elle se révèle, prend conscience de son corps, libère sa parole pour confier à son mari ses souvenirs, ses désirs les plus intimes... Jusqu'à ses secrets inavouables. L'homme gisant devient alors, malgré lui, sa "syngué sabour", sa pierre de patience - cette pierre magique que l'on pose devant soi pour lui souffler tous ses secrets, ses malheurs, ses souffrances... Jusqu'à ce qu'elle éclate !

Avis :Après Wadjda et l'Etrangère, me voila de nouveau face à un film  dont le sujet principal est l'aliénation des femmes. On y parle aussi du poids de la religion utilisée avant tout pour dominer et tuer, de l'absurdité des guerres qui s'autoentretiennent mais aussi de l'espoir d'une évolution des esprits vers plus de lumière. L'actrice Golshiftef Farahani (que j'avais déjà adoré dans A propos d'Elly) atteint des sommets : fusion de la force et de la fragilité, de la détermination et de la soumission, elle incarne néanmoins la figure bouleversante d'une femme qui tente d'acquérir son émancipation par la parole. Ce film est à voir, autant pour son sujet que pour la maîtrise de la réalisation.


Extrait : "Mon père parlait d'une pierre. D'une pièrre magique et légendaire..."


vendredi 22 février 2013

Will & Will - John Green et David Levithan (Gallimard - 2011)

Quatrième de couverture : Will Grayson se méfie des sentiments. Les histoires de cœur portent la poisse, tout le temps. Alors quand son meilleur ami, l'exubérant, très corpulent et très très homo Tiny Cooper, fait tout pour le fourrer dans les bras de Jane, il se dit que cette fille est jolie, marrante et sympa mais... pas du tout son type.
De l'autre côté de Chicago, un certain Will Grayson (rien à voir avec le premier!) se sent plus mort que vivant : il vient d'apprendre que celui qui le faisait fantasmer sur sa messagerie n'a jamais existé...

Avis : Une histoire bien menée, écrite à deux voix (John Green pour l'histoire de Will et de Tiny, et David Levithan pour celle de Will et Isaac). On s'attache facilement aux trois personnages principaux et on attend leur rencontre avec impatience. Et là, on les découvre beaucoup plus tendre, plus surprenant que l'on pouvait imaginer !
Un excellent livre sur l'homosexualité, la confiance en soi et l'amitié. Une belle découverte.

mercredi 20 février 2013

7 - Pépito Matéo (Colonnes - 2013)

Présentation : "Sont alors apparues 7 voix singulières en guérillas urbaines de l'intérieur pour un spectacle de 7 moi en jeu. 7 silhouettes repérées dans l'intimité des blessures de ce qui m'entoure, et qui me questionnent et me bousculent depuis longtemps J'ai commencé à faire des croisements d'attitudes, de situations, de lieux au nombre de 7 car ce chiffre "raisonne" en moi comme une entité, un nombre exact comme les 7 âges de la vie, les 7 jours de la semaine... La forme 7 s'est avérée une nécessité pour la mise en scène. J'ai demandé alors à 7 jeunes metteurs en scène et chorégraphe de jouer le jeu des contraintes pour 7 regards originaux et sensibles." Pépito Matéo

Avis : Pépito Matéo sait sur le bout des doigts ses 7 textes qui sont plus ardus les uns que les autres, mais il est tellement pris dans son propre jeu qu'il en oublie de partager quelque chose avec son public. On se retrouve donc devant une prestation qui devrait impressionné, mais qui laisse plutôt de marbre. La technique pour la technique n'est en rien suffisante sauf pour subir une heure d'ennui absolue... A éviter !

mardi 19 février 2013

Passion - Brian de Palma (2013)

synopsis : Deux femmes se livrent à un jeu de manipulation pervers au sein d'une multinationale. Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine. Cette dernière profite de son ascendant sur Isabelle pour l'entraîner dans un jeu de séduction et de manipulation, de domination et de servitude.

Avis : La première chose qui ressort de ce film, c'est son univers, son ambiance. De Palma signe un film à l'esthétique léchée, travaillée. Il joue sur la lumière, la mise en scène, le montage pour nous faire entrer dans sa vision du monde. L'histoire démarre doucement, en prenant son élan grâce aux multiples facettes des personnages et se termine en apothéose après de nombreux retournements de situation. Au final, on a l'impression de voir trois films en un (manipulation au travail - enquête policière - vengeance). En sortant de ce film, on se rend compte qu'il est d'une électrique froideur et qu'il ne nous a laissé que peu de répit.


lundi 18 février 2013

Wadjda - Haifaa Al Mansour (2013)

Synopsis : Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien qu’elle grandisse dans un milieu conservateur, c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose : s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de faire la course avec son ami Abdallah. Mais au royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles.
Wadjda se voit donc refuser par sa mère la somme nécessaire à cet achat. Déterminée à trouver l’argent par ses propres moyens, Wadjda décide alors de participer au concours de récitation coranique organisé par son école, avec pour la gagnante, la somme tant désirée.

Avis :  Un film léger et touchant, qui comme l'Etrangère, parle de la condition des femmes dans une société profondément machiste, mais cette fois-ci en Arabie Saoudite (d'ailleurs, Haifaa Al Mansour est la première femme réalisatrice de ce pays). Wadja, mini rebelle aux converses, va tout faire pour réaliser un rêve d'enfant, faire une course à vélo avec son ami Abdallah... Elle jongle entre son rêve et ses obligations et réussi à conjuguer les deux le temps d'un concours de récitation coranique. La réalisatrice réussit l'exploit de faire ce beau film sans colère ni provocation et pourtant, c'est un film véritablement féministe où la Femme est mise en valeur. Le film est porté par une excellent jeu d'acteur, notamment la jeune Waad Mohammed qui interprète Wadjda.

Bonus : un commentaire de la réalisatrice (sur le site prettypictures.fr) :
"Je suis si fière d’avoir écrit et mis en scène le premier long métrage jamais réalisé dans le Royaume. Je viens d’une petite ville en Arabie Saoudite où on trouve beaucoup de petites filles comme Wadjda. Des petites filles qui ont de grands rêves, de fortes personnalités et tant de potentiel. Des petites filles qui peuvent, et pourront re-façonner et re-définir notre nation.
J’espère sincèrement que le film offre une vision intérieure unique de mon pays, et qu’il parlera à tous, à travers ces thèmes universels que sont l’espoir et la persévérance."

samedi 16 février 2013

Gotico - Rafael Abalos (Albin Michel - 2011)

quatrième de couverture : Un vieil homme s'éveille sans mémoire dans un cachot médiéval. Une neurologue est retrouvée morte, le mot KOT marqué au fer rouge sur la main. Nicholas et Beth, deux lycéens brillants doivent résoudre des énigmes qu'on leur envoie par email. Rien de commun à ces trois événements, pourtant ils sont liés par un ténébreux secret qui peut changer le monde.

Avis : Malgré que le livre soit un mélange de thriller, de fantastique, d'ésotérisme et de chasse au trésor, je n'ai pas été spécialement emballé (pour tout dire, j'ai même survoler une grande partie de l'ouvrage). Surement parce que je ne me suis pas attaché aux personnages. Peut être aussi parce que ce n'était pas le moment opportun pour moi de le lire... Pourtant, je ne peux pas en dire du mal. Il n'est pas spécialement mal écrit, l'intrigue tient la route, le final est surprenant... Mais il m'a laissé complétement indifférente...

mercredi 13 février 2013

L'Etrangère - Feo Aladaq (2011)

synopsis : Pour protéger son fils de son mari violent, Umay, une jeune femme turque d’origine allemande, quitte Istanbul et retourne vivre dans sa famille à Berlin. Mais les membres de sa famille, prisonniers des valeurs de leur communauté, ne l’accueillent pas comme elle l’espérait. Umay est obligée de fuir à nouveau pour épargner le déshonneur aux siens.

Avis :  Un film bouleversant et magnifique qui a reçu 5 prix (dont le label Europa cinemé au Berlinale de 2010) et a été 13 fois nominé... Un coup de cœur, en ce qui me concerne, tellement le personnage d'Umay est magistralement interprété par Sibel Kikilli. (Head On, son premier film est en tête de liste de ma FAV - Film à Voir). Ce film nous fait entrevoir le poids des traditions familiales dans la communauté turque, qui conduisent ici à des excès irréversibles (la fin est tout simplement horrible...). Mais c'est bien plus qu'une certaine partie de la communauté turque qui est visée, ce sont toutes les violences faites au femmes à cause du qu'en dira-t-on qui sont ici dénoncées ! Merci à Feo Aladaq d'avoir oser traité ce sujet dans ce premier film en tant que réalisatrice.

Bonus : Pour le plaisir des yeux, voici quelques images d'Umay interpreté par Sibel Kikilli.






lundi 11 février 2013

Le Guide du mauvais père - Guy Delisle (Shampooing - 2013)

Quatrième de couverture : A la place d'un résumé, vous trouverez sur le blog de Guy Delisle, une partie des histoires courtes de ce bouquins à lire en direct !

Avis : Les histoires sont d'un niveau variable. Certaines sont bien trouvés et renvoient à des situations que l'on a tous vécu, d'autres tombent à plat avant même d'avoir décollées. Le trait est simplifié au maximum, trop peut être, même si on retrouve la patte de celui qui m'a fait découvrir la Corée du nord via sa très belle BD Pyong Yang. Du coup, malgé ses 190 pages, l'ouvrage se lit très vite.

A feuilleter dans une librairie ou une bibliothèque.


mercredi 6 février 2013

Automne - Jon McNaught (Nobrow - 2012)

Quatrième de couverture : Une journée d'automne ordinaire à Dockwood, petite ville du sud-est de l'Angleterre comme tant d'autres, avec sa salle de bowling, son lac de plaisance et son centre commercial. Tandis que le jour se lève, les habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes : à la maison de retraite, le garçon de cuisine prépare le petit déjeuner. Plus tard, un jeune commence sa ronde de livreur de journaux.

Avis : Une bande dessinée tout en tendresse qui mêle l'histoire de nos deux héros à l'histoire du monde, de la nature qui s'écoule en ce beau jour d'automne. Bien que moins travaillées que sur son précédent livre, les images sont toujours aussi poétiques. J'adore les tons pastels qu'il utilise et l'harmonie avec lequel il construit ses pages. Pour les amateurs de contemplation... 

Info : ce livre a reçu le prix Révélation au Festival d’Angoulême 2013.

Bonus : Une page de ce livre, que j'aime beaucoup, symbolisant l'arrivé de l'automne.