samedi 5 janvier 2013

Fuir les Taliban - André Boesberg (Thierry Magnier - 2011)

Quatrième de couverture : Quand on croise un talib, ne jamais le regarder dans les yeux. Toujours sortir avec son turban ou son tchadri. Être sans cesse sur le qui-vive. Un tube de rouge à lèvre dans un sac, une sortie en ville sans chaperon (pour les femmes) peuvent vous valoir des coups de fouet ou pire...
Sohaïl apprend tout cela, de force. Lui dont la famille était ouverte, où chaque enfant avait sa chance. Ceux qui résistent sont en danger de mort, il faut partir. Commence alors la fuitev à pied à travers la montagne, puis en train dans des paysages inconnus. Il n'a pas pu dire adieu à son ami Obaïd. Il ne veut pas s'éloigner de son pays. Et son père ? Reverra-t-il son père ? Quelle vie l'attend là-bas, si loin...

Avis : Ce roman, inspiré de l'histoire vécue de Sohaïl Whahedi, m'a beaucoup touché notamment parce qu'il est raconté à auteur d'enfant. C'est à travers ces yeux que l'on découvre la folie des talibans et du mode de vie qu'ils imposent à tous. A travers ces paroles que l'on comprend la difficulté de vivre dans un monde où l'on ne peut faire confiance à personnes. A travers ses émotions que l'on ressent ce que veut vraiment dire être exilé.
André Boesberd a une écriture qui m'a vraiment plus (vous pourrez en juger vous-même dans l'extrait ci dessous). Je lirais avec plaisir ses prochains livres disponible en français. (Pour l'instant seul celui-là a été traduit.)

Extrait :
- J'ai entendu une histoire bizarre au stade, dit Mounir.
- Raconte ! dit Obaïd.
- A propos d'un cadavre...
- Un cadavre ? Quel cadavre ?
Mounir commence à rire.
- C'est trop loufoque !
- Alors, raconte ! crie Obaïd. Tu me rends fou !
- oh oh ! dit Mounir. On transportait un cercueil avec un corps dedans en direction d'Herât. Pour l'enterrer. La voiture est arrêtée à un barrage de taliban. Les soldats veulent qu'on ouvre le cercueil. ça va, je raconte bien ?
- Continue ! grommelle Obaïd.
- Bref, les talibans ouvrent un cercueil, comme je l'ai dit. Et ils se mettent en colère.
- Pourquoi ? dis-je.
- Ils avaient sans doute encore pris quelque chose, je suppose. Ces boucs sont constamment drogués ! Tout tourne autour de la came, dans ce pays !
Les champs de pavot ! me dis-je, en repensant à ce que m'a un jour expliqué mon père. Les taliban gagnent des millions de dollars avec l'opium. Il suffirait de brûler les champs de pavot, et ils se retrouveraient totalement impuissants.
- Continue ! répète Obaïd.
- Les taliban ont trouvé que le cadavre avait la barbe trop courte. Alors...
- Non ?!
- Si ! ils lui ont donné vingts coups de fouet !
Nous éclatons de rire. On reprend notre souffle en même temps, Obaïd et moi. On échange un regard, et hop ! C'est reparti pour un nouveau fou rire. Comme ça fait du bien.

 

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