Cannes J-10
Pour préparer au mieux le Festival de Cannes, je vais profiter de ces 10 derniers jours pour lire ou voir des œuvres en rapport avec les films que je verrai là-bas.
Aujourd'hui, j'ai découvert la très bonne BD "Le bleu est une couleur chaude". Julie Maroh, auteure de bande dessinée, illustratrice et
blogueuse, ouvertement gay, propose ici une histoire d'amour entre deux personnes : Emma et Clem. Leur particularité : être toutes les deux du même sexe.
On y retrouve, bien sur, toutes les particularités liées à cette situation (le déni de Clem, et sa douloureuse auto-persuasion d'être normale, le secret puis le coming-out et ses répercussions comme le rejet de certains être chers ou le rejet social) et en même temps, cela reste une "banale" histoire d'amour (la rencontre, le flirt, le sexe, les disputes, les regrets,...). Banale n'est pas à prendre au sens péjoratif du terme, mais dans le fait d'être universelle quelque soit son sexe, et quelque soit la personne que l'on aime.
Et toute la beauté de cette BD, c'est de rendre cette "banale" histoire d'amour exceptionnelle ! Autant pour ceux qui la vivent, que ceux qui la lisent. La BD mélange les points de vue d'Emma (la fille aux cheveux bleus qui passe la soirée avec les parents de Clem, une fois celle-ci décédée) et de Clem (à travers son journal intime que découvre Emma). On navigue constamment entre ces deux points de vue pour découvrir leur histoire. Pour rendre la lecture plus facile Julie Maroh utilise la couleur pour Emma et le noir et blanc (+ le bleu des cheveux) pour Clem.
Cette utilisation raisonnée de la couleur, et notamment du bleu dans le noir et blanc, donne de la force aux sentiments de Clem pour Emma. Elle accentue le faite qu'Emma est unique à ses yeux, qu'elle l'aime et la désire parce que c'est Elle, et pas simplement une fille. Le dessin de Julie Maroh, entre le crayonné et le pastel convient tout à fait à l'ambiance de cette bande dessinée qu'on lit avec tendresse.
La force de ce livre, c'est aussi de nous faire oublier le décès de Clem (alors que le livre démarre là dessus). On lit, on découvre Emma et Clem. On poursuit la lecture, on commence à apprécier Clem et l'on se dit qu'elle ne peut pas mourir. On continue à lire, on s'attache à leur histoire et on oublie que la fin est fatale et quand on arrive à la fin, on est bouleversé par ce qui arrive.
Je me demande si le film permettra cette même immersion dans leur histoire, et si la fin paraitra aussi brutale. Peu d'images ont filtré de ce film qui s'intitulera en France "La vie d'Adèle", réalisé par Abdellatif Kechiche (La Graine et le mulet, L'Esquive, La Faute à Voltaire)
Lea Seydoux interprétera le rôle d'Emma et Adèle Exarchopoulos le rôle d'Adèle (Clem dans la BD).